La place des hommes au sein du nouveau Plan d’action gouvernemental en matière de violence conjugale : entre avancées et incertitude

Québec, le 14 août 2018 – Alors que le gouvernement du Québec a dévoilé le nouveau Plan d’action gouvernemental en matière de violence conjugale 2018-2023 le 10 août dernier, l’association à cœur d'homme - Réseau d'aide aux hommes pour une société sans violence, qui regroupe 30 organismes communautaires venant en aide aux hommes en contexte de violences conjugales et familiales, accueille ce nouveau plan d’action avec une certaine incertitude.

 

« Le nouveau Plan d’action gouvernemental en matière de violence conjugale admet explicitement que l’aide aux hommes auteurs de violences conjugales et familiales fait partie de la solution « pour espérer mettre un terme à la problématique ». Il démontre aussi une considération pour des populations telles que les jeunes, les aînés, les personnes issues des minorités ethnoculturelles, les personnes LGBTQ+, les personnes handicapées et les hommes victimes, ce qui est aussi une avancée considérable de la pensée gouvernementale. Le message que nous portons depuis 30 ans semble avoir été entendu : les hommes et les garçons sont enfin vus comme des acteurs incontournables en matière de lutte contre les violences conjugales et familiales au Québec », explique M. Rémi Bilodeau, directeur général d’à coeur d’homme. « Néanmoins, nous espérons que l’inclusion des hommes dans ce nouveau plan d’action n’est pas que de la poudre aux yeux et que les ressources financières suivront. En effet, aucun investissement majeur pour les hommes ne semble accompagner ce plan alors que, pourtant, de nouvelles mesures touchent ces derniers (activités de sensibilisation auprès des hommes et des garçons, projet pilote avec la Sûreté du Québec qui vise la référence aux organismes d’à cœur d’homme, etc.). L’application de ce plan va nécessairement causer une hausse des demandes d’aide auprès des organismes du réseau à cœur d’homme, qui  offrent, entre autres, des services aux hommes afin de les aider à cesser leurs comportements violents. Or, notre réseau est déjà saturé et nous ne serons pas en mesure de répondre à une plus grande demande d’aide sans une hausse importante de notre financement. Depuis 3 ans, le nombre de personnes desservies par nos organismes plafonne à environ 8 000 personnes, malgré notre désir d’aider plus d’hommes, parce que les ressources financières nous manquent. Si le gouvernement souhaite réellement que l’application de son plan d’action fonctionne, il doit augmenter de manière significative le financement des organismes d’à cœur d’homme », souligne M. Bilodeau.

 

« S’il est primordial de financer adéquatement les ressources d’aide aux femmes victimes de violences conjugales et familiales, il également nécessaire de financer adéquatement les ressources pour hommes. Le nouveau Plan d’action gouvernemental en matière de violence conjugale présente des mesures intéressantes, mais un financement conséquent devra être annoncé pour réellement venir en aide aux hommes. Avec l’arrivée de la campagne électorale, nous espérons que tous les partis politiques en prendront conscience », conclut M. Bilodeau.