Les hommes souhaitent être des partenaires à part entière dans la lutte aux violences conjugales et familiales

Québec, le 26 mars 2018 - Alors que se déroule les consultations québécoises en matière de violences conjugales, le réseau à cœur d'homme - Réseau d'aide aux hommes pour une société sans violence, qui regroupe 28 organismes communautaires venant en aide aux hommes en contexte de violences conjugales et familiales, demande au gouvernement québécois une réelle prise en compte des hommes dans la lutte contre ces violences. Durement affecté par les faibles sommes attribuées par le gouvernement, les organismes du réseau à cœur d’homme font face à un sous-financement chronique, des coupures de plus en plus nombreuses et des difficultés à répondre à la demande d’aide ; 682 personnes, principalement des hommes ayant des comportements violents en contexte conjugal et familial, sont mises en attente, faute de ressources pour leur venir immédiatement en aide, alors que le réseau réclame 2,9 millions $ en aide d’urgence pour arriver à sortir la tête de l’eau.

 

« Plusieurs acteurs gouvernementaux nous disent qu’il est important de venir en aide aux hommes, que le travail des organismes du réseau à cœur d'homme, qui permettent notamment aux hommes auteurs de violences conjugales et familiales de cesser leurs comportements violents, est essentiel. Cependant, nous sommes forcés d’admettre que les actions ne suivent pas les paroles. Le 7 mars dernier, le gouvernement annonçait près de 20 millions pour « agir contre les agressions sexuelles et la violence conjugale » dont uniquement 200 000$, soit seulement 1% de ce montant, pour « soutenir des organismes pour conjoints ayant des comportements violents et pour adapter leurs services aux besoins des personnes issues de l'immigration ». Bien que nous sommes d’avis qu’il est primordial de soutenir financièrement, et de manière adéquate, les organismes d’aide aux victimes et auteurs d’agressions sexuelles de même que les organismes œuvrant auprès des femmes victimes de violences conjugales, nous déplorons les faibles sommes destinées à notre réseau. Est-ce que le gouvernement réalise qu’en matière de violences conjugales et familiales, les hommes font tout autant partie de la solution? », questionne Rémi Bilodeau, directeur général d’à cœur d’homme. « Nos organismes manquent cruellement de financement et éprouvent des difficultés à desservir adéquatement la clientèle qui frappe à leurs portes, malgré tous leurs efforts pour maintenir la qualité de leurs services. Cette situation nous force à faire différentes coupures : réduction du nombre de suivis téléphoniques et individuels, diminution du nombre de groupes d’aide et espacement des rencontres d’intervention, réduction des activités de prévention et de sensibilisation, mise à pied d’employés, etc. 80% de nos organismes possèdent des listes d’attente d’hommes qui souhaitent mettre fin à leurs comportements violents. Cette situation est particulièrement préoccupante sachant que plusieurs hommes laisseront tomber leur demande d’aide en raison des délais d’attente. Une intervention rapide auprès de cette clientèle est pourtant nécessaire en considérant qu’il s’agit d’un enjeu de sécurité pour les conjoint(e)s et enfants de ces hommes », explique M. Bilodeau. « La majorité des hommes qui nous demandent de l’aide sont des pères, vivant en couple ou en situation de rupture, âgés entre 18 et 40 ans, salariés ou travailleurs autonomes. Il pourrait s’agir de votre garçon, de votre père, de votre frère. Ces hommes ont besoin d’une aide rapide et nous réclamons les sommes nécessaires pour les aider. Nous avons urgemment besoin de 2,9 millions $ pour que nos organismes arrêtent de se demander quel est le prochain service qu’ils devront couper et puissent se consacrer à aider les gens », ajoute M. Bilodeau.

 

« Le gouvernement devrait réellement considérer l’importance de l’implication des hommes dans la lutte contre les violences conjugales et familiales en finançant adéquatement le travail du réseau à cœur d'homme. Alors que le nouveau Plan d’action gouvernemental en matière de violence conjugale devrait être dévoilé prochainement, nous espérons que notre message sera entendu », conclut M. Bilodeau.

 

À propos d’à cœur d’homme - Réseau d'aide aux hommes pour une société sans violence

L’association à cœur d’homme a comme objectif de prévenir les violences conjugales et familiales au Québec. L’an dernier, les organismes du réseau sont venus en aide à plus de 8 000 personnes et ont joint, en collaboration avec l’association, environ 400 000 personnes grâce à des activités de sensibilisation à la non-violence. Le travail des organismes du réseau permet non seulement d’aider les hommes aux prises avec des comportements violents en contexte conjugal et familial à cesser ces comportements, mais ils contribuent également à la protection de milliers de conjoint(e) et d’enfants. Par ailleurs, la diversification des clientèles de plusieurs des organismes du réseau (hommes subissant de la violence, femmes ayant des comportements violents, adolescent-e-s ayant des comportements violents, etc.) offre aux actions d’à cœur d’homme des assises encore plus larges en vue de lutter efficacement contre les violences conjugales et familiales au Québec.